Il y a 10
jours, j’étais dans la Péninsule Acadienne pour offrir mon support à mon père. Celui-ci
se présentait comme candidat à l’investiture libérale dans la circonscription
de Caraquet. À moins d’un an des élections provinciales, il était temps pour le
parti d’élire le nouveau candidat qui remplacerait Hédard Albert qui prend sa
retraite du monde politique. Le résultat n’a pas été celui que je souhaitais
voir, et pourtant nous sommes heureux malgré tout et ça m’a ouvert les yeux sur
une facette de ma personne. C’est d’ailleurs cet événement qui m’a donné le
goût de réécrire ici. Voici pourquoi…
Tout d’abord,
les faits : Mon père, Yvon Godin, 63 ans, se présentait comme candidat. Il
emmenait avec lui un bagage impressionnant d’expérience et de connaissance qui
aurait fait de lui un candidat de taille durant les prochaines élections. Son
adversaire, Isabelle Thériault, 38 ans, a finalement remporté les grands
honneurs. Elle avait une forte équipe derrière elle et a su rallier le vote de
la jeunesse et de la population ancrée dans la culture. Elle est DG du festival
acadien, artiste connue dans la région et saura sûrement apportée une perspective
nouvelle au parti. Sommes toute, nous sommes heureux des résultats et reconnaissants
envers toutes les personnes qui ont offert leur appui à mon père.
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Tout était tellement étrange... Tous ces gens qui criaient le nom de mon père avec les pancartes... Woh! |
Voici où le
sujet devient intéressant pour moi. Un jour, j’ai écrit un blogpost à propos de
mes plus grandes peurs. L’une d’entre elle est le refus, et aujourd’hui, j’ajouterais
par là-dessus le mot « échec ». J’ai tellement peur qu’on me dise « Non »
ou de faillir à une tâche, qu’il m’arrive de me mettre moi-même des bâtons dans
les roues plutôt que de foncer. Durant cette fin de semaine, je me suis rendue
compte d’où me vient cette crainte : c’est de mon père! Mon père est ce
genre de personne à qui on ne peut dire non. Une personne persévérante qui
réussit tout ce qu’il entreprend. Je l’ai vu diriger des regroupement jeunesse
en ayant sous sa tutelle des dizaines de milliers de subordonnées. Je l’ai vu
obtenir la position de direction à mon école primaire sans même avoir son
certificat d’aptitude à la direction. Je l’ai vu entré à la mairie de mon
village dans une lutte chaude mais qu’il a tout de même remporté. Je l’ai vu s’acharner
sur des projets pendant des mois pour enfin le voir vivre la satisfaction d’en
faire l’annonce officielle au public. Je l’ai vu prendre tous ces risques et je
ne l’ai JAMAIS vu échouer… Jusqu’à samedi dernier.
Imaginez un
instant que c’est tout ce que vous connaissez. Imaginez un instant tenter de
grandir dans l’ombre d’une personne comme mon père. Ce blocage que je ressens,
c’est parce que je ne me suis jamais sentie à sa hauteur - Haha! Ben oui mon
père fait 6’4’’, no pun intended! Le
congrès à l’investiture a été une leçon d’humilité pour moi. Ça m’a appris que
ce n’est pas vrai qu’on remportera tous les combats dans lesquels on va se
lancer. Ça ne veut pas dire qu’ils ne valent pas la peine d’être faits, et
surtout bien faits, pour autant. Mon père n’est pas parfait, loin de là. Il est
vulnérable comme tout le monde et peut faire face à un non. Ce que j’ai appris ce
jour-là, c’est comment il est important de garder la tête haute même dans l’échec.
Mon père et
son équipe n’ont rien à se reprocher. Ils ont travaillé jours et nuits,
littéralement, dans l’espoir de pouvoir rendre service à la communauté. Aujourd’hui,
ils sont soulagés et contents de retourner à la routine. Mon père peut
reprendre ses rôles de maire et de grand-père à plein temps. Il pourra
continuer à travailler le bois, à se balader à moto et peut-être même en VR l’été
prochain. Il sait que son été sera relax au lieu d’être une succession de présence
à des événements en périodes électorales. Ma mère pourra prendre sa retraite et
ils vont mener un petit train de vie tranquille plutôt que d’être en constant
déplacement entre Bertrand et Fredericton. En fin de compte, mon père est en
quelque sorte heureux de ne pas avoir à continuer sur ce chemin car, à 63 ans,
il a bien droit à un break lui aussi à un moment donné.
Et moi, je
suis heureuse d’avoir été témoin de cet événement. Je suis heureuse de
comprendre d’où vient mes insécurités et de savoir que maintenant je pourrai
mieux les combattre. Je suis fière d’où je suis, de ce que je fais et de
comment je le fais. Si je me lance dans un projet, il me suffira d’y donner
tout ce que j’aie pour qu’en fin de compte, que ce soit une réussite ou un
échec, je sois satisfaite du travail accompli et puisse garder la tête haute.
Une petite
step à la fois ;-p
Shotgun
Godin
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